HERVEBAZIN : VIPERE AU POING (RESUME) CHAPITRE 1 Un été à tout juste six ans, le narrateur Jean Rezeau dit Brasse-Bouillon étouffe à main nue une vipère. Cet exploit

Portrait de l'auteur Hervé Bazin. Source Vipère au poing, un roman en partie autobiographique Vipère au poing est un roman qui a été écrit par Hervé Bazin. Il est paru en 1948. Même si le principe de l’autobiographie est détourné, puisque l’auteur ne parle pas directement en son nom mais en celui de Jean Rézeau son narrateur, son récit s’inspire largement de ce qu’il a vécu. D’ailleurs, originaire de l’Anjou, son histoire se place dans la même région. Il écrira par la suite deux autres romans La mort du petit cheval et Cri de la chouette, pour ainsi aboutir à une trilogie sur la famille Rézeau. Les meilleurs professeurs de Français disponibles4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !C'est partiRésumé de Vipère au poing Jules Sitruck dans le rôle de Brasse-Bouillon, enfant. Film de Philippe de Broca, "Vipère au poing", sorti en 2004. Des retrouvailles de mauvais augure En 1922, Jean Rézeau, dont le surnom est "Brasse-Bouillon", découvre une vipère et l'étouffe de ses mains. 25 ans plus tard, il décide de raconter sa jeunesse et ainsi d’expliquer ses rapports avec sa famille, en décrivant leur quotidien lorsqu’ils vécurent à La Belle Angerie, un vieux château familial. Chez sa grand-mère paternelle, son frère aîné, Ferdinand, et lui, ont passé, parmi des domestiques dévoués, quelques années d'enfance heureuses. Leurs parents et leur plus jeune frère séjournaient quant à eux en Chine. Son père enseignait en effet le droit international dans une université chinoise. Mais tout bascule lorsque Jean a huit ans sa grand-mère meurt d'une maladie des reins. Ses parents doivent donc rentrer de Chine, à la Belle Angerie. Lui et son frère ont au départ très hâte de revoir leurs parents et de découvrir ce petit frère, Marcel, qu'ils ne connaissent pas. Sauf que les retrouvailles vont très vite les décevoir à peine descendue du train, leur mère les repousse violemment et en vient même à les gifler, leur ordonnant ensuite de porter les valises. Et l’attitude de Marcel n’est pas chaleureuse. Seul leur père les embrasse. Un quotidien strict, sans confort ni tendresse Les nouvelles règles de vie instaurées par leurs parents et surtout leur mère sont drastiques. Ils ne peuvent manger que de la soupe, ne doivent consacrer leurs heures libres qu’à l’entretien du parc du domaine, se rendre à la messe tous les jours et, même au niveau vestimentaire, leurs conditions sont réduites. En effet leurs chaussures sont remplacées par des sabots grossiers, et ils sont aussi tondus, soit disant par mesure d’hygiène. Très vite ils commencèrent ainsi à souffrir du froid, de la faim, et se sentent privés de tous plaisirs puisque même tous leurs objets personnels leur sont confisqués. L’humiliation est aussi physique puisque leur mère n’hésite pas à les battre, quel que soit le prétexte. Ils en viennent ainsi à haïr profondément leur génitrice, qu’ils surnomment Folcoche la contraction de folle » et de cochonne ». Même s’ils passent exceptionnellement de bons moments avec leur père, qui se place à l’opposé du caractère agressif de sa femme, lui se contente de rester en retrait en se réfugiant dans son bureau pour s’occuper de sa collection d’insectes, ayant finalement lui aussi peur de Folcoche. Leurs précepteurs se succèdent mais leur mère finit par en trouver un qui lui convient l’abbé Traquet. Ferdinand et Jean lui donnent aussitôt le surnom de BVII. Celui-ci suit les strictes recommandations de leur mère, et il commence par fouetter Frédie, en raison des provisions trouvées dans sa chambre, rassemblées lorsque Folcoche se trouvait à l’hôpital. Mais Brasse-Bouillon ne reste pas inactif en cachette il réconforte son frère aîné. Ensuite, Brasse-Bouillon met son plan à exécution. Il jette le trouble chez Folcoche en lui laissant croire que le précepteur a vraiment été très clément avec le fautif. Puis, pour le contrarier il suggère au précepteur que sa mère le prend pour un simple domestique. Enfin, il obtient de son père que Frédie bénéficie d'une amnistie. C’est une petite victoire. Folcoche, interprétée par Catherine Frot, dans le film de Philippe de Broca 2004. Source Rezo Films La longue bataille entre Folcoche et Brasse-Bouillon Malheureusement, en raison de son audace Jean est devenu le principal souffre-douleur de Folcoche. Elle multiplie les humiliations à son égard et lui, les représailles. C'est la "guerre civile". À l'actif de Folcoche les soupes épouvantablement salées, les habits de son fils qu'elle déchire, l’accusant ensuite de négligence. Brasse-Bouillon n’abandonne pas la bataille il déchire la collection de timbres de Folcoche et arrose ses fleurs avec de l'eau de Javel. Pendant les repas, il réussit à soutenir son regard de plus en plus longtemps. Et pour faire payer à leur mère sa piété perfide, les frères s’allient et se défoulent dans les églises ils jettent les missels dans les bénitiers, détraquent les horloges, couvrent les murs de graffitis... Puis c'est la guerre "alimentaire". Folcoche leur donne à manger des aliments avariés et accuse ses enfants d'avoir voulu empoisonner les chevaux. Cela se retourne contre elle car cette accusation donne des idées aux enfants. Ils versent 100 gouttes de belladone dans le café de leur mère pour l'empoisonner. Mais celle-ci, qui a souvent utilisé ce médicament durant sa maladie, n'aura qu'une "simple" colique. Les enfants ne désarment pas après leur tentative d’empoisonnement, ils tentent de la noyer lors d’une promenade sur la rivière. Folcoche en réchappe miraculeusement. Folcoche, qui comprend qu'elle a échappé par deux fois à la mort, décide de se venger. Elle demande à l'abbé Traquet de fouetter Brasse-Bouillon, qu'elle soupçonne d'être le meneur. Il se barricade dans sa chambre et s'enfuit la nuit venue. La fugue de Brasse-Bouillon Il parvient à se rendre à Paris chez ses grands-parents maternels, les Pluvignec. Il est impressionné par ce sénateur, sa fortune, mais est incommodé par sa vanité. M. Pluvignec, lui, est amusé par l'audace de son petit-fils et il promet d'œuvrer pour réconcilier l'enfant et sa famille. Jacques Rezeau, le père, arrive à Paris pour chercher son fils et, à la grande surprise de ce dernier, il n'exprime aucune colère, juste de l’embarras. Jean en vient presque à regretter que ce ne soit pas Folcoche qui ait fait le voyage. Certes, il la déteste, mais elle, elle aurait fait preuve d'autorité et de fermeté. Brasse-Bouillon revient avec son père à la Belle Angerie. L'ambiance est plutôt à l'indifférence. Il prend alors l'habitude de se réfugier sur la plus haute branche d'un arbre de la propriété. Ce refuge, où il se rend très souvent lui permet d'analyser la nouvelle situation. Il sait que maintenant son combat contre Folcoche a changé de nature. Sa corpulence d'adolescent, ses initiatives, son assurance et son sens de la provocation impressionnent Folcoche. Il rêve d'être bientôt exclu de la famille. Alice Sapritch dans le rôle de Folcoche. Image extraite de l'adaptation de Pierre Cardinal en 1971. De la haine en héritage Les travaux recommencent à la Belle Angerie il faut désherber les allées du parc, cirer les parquets du salon... Pourtant un anniversaire va modifier le quotidien. Cela fait vingt-cinq ans que le vénérable René Rezeau a été élu à l'Académie française. Jacques Rezeau, le père de Jean, souhaite organiser une grande cérémonie familiale pour fêter l'illustre octogénaire. Le jour de la fête, il faut écouter un discours assommant de trois heures. Jacques Rezeau profite de cette journée pour vanter les valeurs de la bourgeoisie et de la famille. Jean, pour sa part, a trouvé cette cérémonie désuète et incongrue. La haine qu'il éprouvait pour ses proches s'étend maintenant à toute sa famille et à toute la bourgeoisie. Brasse-Bouillon et Folcoche se ménagent quelque peu. Jean a maintenant quinze ans et commence à désirer les femmes. Il jette son dévolu sur Madeleine. Un dimanche d'été, en fin d'après-midi, il parvient à la séduire sous l'oeil attentif de Frédie qui, à la fois, contrôle le voisinage et s'assure de la réussite de son frère. Pendant quelques semaines, Jean savoure sa conquête, mais très vite il s'irrite des marques de tendresse de Madeleine. Pour lui, les femmes ne peuvent être différentes de sa mère, c'est pourquoi il s'en méfie. Finalement, les trois garçons vont partir comme internes chez les Jésuites au Mans. Reste une haine définitive entre Folcoche et Jean. Cette animosité a façonné pour toujours la personnalité du narrateur. Il n'a plus confiance en rien ni en personne. Il quitte la Belle-Angerie "une vipère au poing". RésuméDurant l'été 1922, Jean et Ferdinand sont élevés par leur grand-mère paternelle dans le château familial de la Belle-Angerie, à quelques kilomètres d'Angers. Le décès de leur grand Chacun trouve sa source Dans les eaux de sa mère Et ce baptême-là, S’il manque de chaleur, Glace pour l’éternité. » 1 À l’origine de mon questionnement et de ma réflexion actuelle, un intérêt pour la littérature, particulièrement pour les récits autobiographiques évoquant des traumatismes subis. Une longue pratique professionnelle auprès d’adolescents en difficulté principalement des filles confirma ce qui n’était encore qu’une intuition empirique leur récit ici, des journaux intimes facilitait activement une mise au dehors » du traumatisme subi, inceste ou viol. Serait-il alors possible d’utiliser les techniques narratives comme médiateurs dans une perspective de soins ? Faciliteraient-elles l’accès à la résilience ? 2 Par ailleurs, un travail universitaire me fit réfléchir aux différents procédés d’écriture mis en œuvre dans l’évocation de récits traumatiques ces mêmes procédés pouvant être mis en relation et refléter le style d’attachement du narrateur attachement sécure ou insécure. Dans un souci de clarté, redéfinissons brièvement quelques mots-clés souvent cités dans notre exposé 3 la résilience, terme venu de l’anglais resilient, est une caractéristique mécanique désignant la capacité d’un métal à rebondir sous des chocs. Transposée à l’être humain, il s’agirait de la capacité à reprendre une vie positive malgré la blessure subie, sans se fixer et s’arrêter sur cette blessure. La résilience est donc le maintien d’un processus normal de développement malgré des conditions difficiles » Guédeney, 1999, p. 13-26. Ce terme est devenu une façon de parler de l’aspect dynamique du traumatisme […] il montre la dynamique positive qu’il contient » Marty, 2001, p. 6. Cyrulnik a popularisé ce concept utilisé pour la première fois en 1989 par la psychologue Emma Werner dans une étude sur sept cents bébés, il précise que la résilience ne relève pas seulement du sujet traumatisé, mais que l’environnement, le contexte, les relations, les rencontres tuteur de résilience » joueront un rôle fondamental. Ce sont ces rencontres décisives qui permettront au sujet blessé de tisser sa résilience. Car il n’est pas possible d’être résilient tout seul, tout dépend de la qualité des liens établis par le sujet enfant bien avant l’événement traumatique ; cela nous amène à la théorie de l’attachement ; l’attachement est le lien particulier unissant l’enfant à la figure maternelle ou toute autre personne importante pour lui. L’origine de l’attachement, que l’on croyait jusqu’alors le fait d’un apprentissage, serait l’effet d’un besoin social primaire essentiel à la survie de l’être humain. Les travaux de Bowlby, Spitz, Harlow, Ainsworth notamment démontrent que les liens d’affection ne sont pas greffés sur la satisfaction du besoin de nourriture, mais qu’il s’agirait d’une tendance originelle et permanente à rechercher la relation à autrui. Dès sa petite enfance, le bébé développe un modèle d’attachement particulier en fonction de l’attitude maternelle à son égard et ce lien, en devenant intériorisé, servirait ultérieurement de modèle à toutes les relations intimes et sociales de l’individu ; quant au traumatisme, il existe bien sûr dans le réel mais il s’agit aussi d’une épreuve psychique intense. Selon Laplanche et Pontalis, c’est un événement de la vie du sujet qui se définit par son intensité, l’incapacité où se trouve le sujet d’y répondre adéquatement, le bouleversement et les effets pathogènes durables qu’il provoque dans l’organisation psychique » Laplanche et Pontalis, 1967, p. 499. Ce traumatisme, qu’il soit décliné en deux temps ou qu’il se focalise sur la seule réalité de l’événement actuel, mobilise et fait appel aux ressources propres à chacun pour l’intégrer, le mettre à distance, l’élaborer, rester sous le choc ou en subir les effets à répétition […] La réalité de son expression est unanimement décrite et éprouvée comme un excès excès de stimulation, excès d’image, de son, excès ou absence de représentation, de sens, excès d’angoisse, débordement des capacités de contenance, défaut ou carence de protection, mécanismes de défense insuffisants, paralysie de la fonction de liaison, effraction du pare-excitations » Marty, 2001, p. 2. La narration pour se dégager du traumatisme ? 4 La première question que pose un texte est celle de son enjeu et la réponse possible est fonction du niveau d’analyse, du lieu de questionnement où l’on choisit de se situer » Gelas, 2002. Quel pourrait être le sens d’un texte ayant pour thème la maltraitance et où l’on devine l’auteur derrière le narrateur ? Notre hypothèse est que l’élaboration d’un récit narratif autobiographique aurait une vertu thérapeutique ; il s’agirait, par un processus d’autoconstruction, d’accéder à nos émotions personnelles. Cette étape fondamentale franchie, une métamorphose possible du traumatisme à travers la parole et l’écrit pourrait être envisagée. Ici, le processus de sublimation s’exercera au travers du témoignage. Ce processus, pouvant aboutir à une possible résilience, est à l’œuvre dans nombre de journaux intimes, témoignages concentrationnaires, apports de traumatismes personnels en atelier d’ écriture thérapeutique ». Les récits de J. Semprun, P. Levi, J. Renard, H. Bazin, A. Frank sont à ce sujet exemplaires. 5 Mettre hors de soi l’indicible permettrait une libération intérieure. Encore faut-il pouvoir le faire, car se dire et pouvoir écrire l’inexprimable impose le passage obligé de la reconnaissance de nos émotions. Certains, pour qui l’accès aux émotions ne sera pas possible, développeront des conflits intrapsychiques divers, un même événement réel peut avoir des répercussions différentes sur deux individus, dans la mesure où il fait appel à la subjectivité, au fond d’expérience subjective de chacun pour obtenir son statut d’événement » Marty, 2001, p. 9. 6 Bowlby l’avait déjà illustré avec le concept d’ exclusion défensive » 1969. Il postulait l’existence d’une corrélation entre les mauvais traitements subis pendant l’enfance et la difficulté ultérieure d’accès aux émotions. Les sujets étudiés étaient en effet en grande difficulté, voire dans l’impossibilité d’accéder aux émotions, qu’il s’agisse des leurs ou de celles d’autrui. Ils auraient besoin pour se protéger d’exclure de leur narratif autobiographique les émotions négatives éprouvées durant l’enfance. Selon Bowlby, cette attitude était souvent associée à une confiance en soi compulsive » venant contrebalancer l’impact négatif initial. Dans le cadre de la théorie de l’attachement, ces sujets montreraient une représentation de celui-ci de type insécure détaché » – leur système défensif imposant cette distance, cet apparent désengagement, dans un mouvement visant la protection de leur intégrité psychique. 7 Ainsi, soutenant l’hypothèse que le narratif autobiographique est thérapeutique en tant que support possible des émotions, qu’il peut être abordé comme un objet médiateur favorisant la résilience, il serait salutaire pour les sujets ayant subi de lourds traumatismes de tenter de les écrire. Cependant, un tel colmatage » psychique ne signifie pas guérison, mais entre dans un processus qui cicatrise la blessure – celle-ci pouvant s’ouvrir à nouveau à l’occasion d’un autre événement, la réparation stricto sensu n’existe pas. Exemples cliniques en littérature 8 L’étude de la maltraitance quotidienne presque ordinaire » présente un intérêt clinique certain sous la plume d’un grand écrivain comme Hervé Bazin. Comment rend-il compte d’événements traumatisants la maltraitance dans ses écrits ? Notre propos sera de tenter d’étudier les différents procédés servant cet objectif dans son récit emblématique Vipère au poing. Véritable réquisitoire contre la famille et sa violence, le livre fut écrit en 1947 en trois mois dans un état de féroce allégresse […] Vous le savez, je n’ai pas eu de mère, je n’ai eu qu’une Folcoche… Je n’ai pas eu de véritable famille et la haine a été pour moi ce que l’amour est pour d’autres » Lamy, 1992, p. 101 et 107. Nous savons que l’écrivain délivre une part autobiographique dans son œuvre La littérature porte aussi du non-conscient, elle ne nous parle pas seulement des autres mais de l’autre en nous » Bellemin-Noël, 1970, p. 17. 9 Un autre écrivain, Jules Renard, a transposé son calvaire d’enfant maltraité dans un roman devenu célèbre, Poil de Carotte 1894. Ce livre fut vivement critiqué à sa sortie, car le sujet auquel il s’attaquait était tabou à l’époque l’amour maternel. Poil de Carotte est un récit autobiographique qui ne s’avoue pas, Renard ne déclarant jamais clairement qu’il évoque son enfance alors que tout le laisse penser. L’auteur s’écrit avant tout à lui-même, il est son premier lecteur et destinataire. À la lecture du Journal de Renard 1887-1910, certains passages laissent penser qu’il fut indifférent à l’accueil littéraire » de son ouvrage bien qu’ayant toujours cherché une reconnaissance à cet égard, l’important pour lui en écrivant Poil de Carotte était avant tout d’être cru. En ce sens, témoigner fut thérapeutique… un certain temps, car l’auteur tenta plus tard de se suicider. Quinze ans avant sa mort, il écrivait J’ai mis trop de ma vie dans mes livres, je ne suis plus qu’un os rongé… » 10 Le Journal d’Anne Frank publié en 1947 connut un immense succès posthume l’adolescente, bien qu’enfermée et vivant dans des conditions dramatiques, a su délivrer dans ses lignes son humour, sa gaieté et nous avons espéré avec elle à chaque page sa délivrance. Le recours au récit de soi dans un but thérapeutique est ici évident, il permit peut-être à la jeune fille d’endurer moins douloureusement sa captivité et de mettre en sens la cruelle absurdité de ce qu’elle vivait. 11 L’ouvrage de Primo Levi Si c’est un homme 1947 illustre bien entendu la nécessité du devoir de mémoire en livrant un témoignage historique, mais il s’agit aussi d’un récit pour soi, d’une tentative de survie. Levi tente de trouver un sens, une normalité à l’horreur racontée, en procédant dans son écriture à une simplification. Le travail intellectuel mis à l’œuvre procède d’une logique binaire le Lager est un laboratoire au service d’un délire idéologique, à l’intérieur y cohabitent des bourreaux et des victimes. En objectivant ainsi son propos, l’auteur permet la mise en récit de faits insoutenables pour le lecteur mais aussi pour lui-même, narrateur survivant à cette violence organisée. Sinon, comment imaginer possible l’existence de tels actes ? Car ils sont justement impensables. Utilité d’écrire sa maltraitance ? 12 Comment ne pas tenir compte du lien invisible s’établissant entre l’histoire individuelle du sujet qui parle, qui écrit sur la maltraitance, et celle du sujet lecteur ? Le récit autobiographique s’adresse à quelqu’un, s’agit-il de soi-même ? De soi dans l’autre ? Des protagonistes du récit ? La réponse est hasardeuse mais il est clair que quelque chose de l’ordre d’un message est envoyé au lecteur et destiné à l’autre ». La lecture du récit va susciter une rencontre qui fait sens et c’est ce point de rencontre empathique, cette présence de sujet à sujet, qui permettra une fonction symbolisante, mais aussi une fonction adaptative nécessaire à la tentative de prise en charge par le narrateur du trauma subi. 13 Par le travail du récit, l’écriture est un travail de résilience possible, elle serait ici à entendre comme un étayage permettant une reprise évolutive positive et la possibilité de faire face. Le narrateur interpelle aussi le lecteur destinataire car il a besoin d’être cru, il lui assigne ici une fonction de témoin. L’écriture m’a sauvé d’une jeunesse désastreuse, elle m’a permis de réfuter quelques jugements hâtifs portés sur moi le mien compris. Elle est ce qu’elle est, orientée moins vers le discours que vers le recours à l’autre, vers le partage de problèmes communs » Bazin cité par Lamy, 1992, p. 173. Le récit oral ou écrit met l’expérience traumatique et la douleur psychique qui lui est associée à l’épreuve de l’altérité et de l’échange. Cette mise en récit est utile pour passer d’une reviviscence répétitive vide » à une représentation, une figurabilité du traumatisme. 14 La résilience est un processus qui ne fonctionne pas obligatoirement en continu, Bazin par exemple va traverser une période de sa vie où il semble sombrer, mais l’écriture lui permettra l’expérience de la narrativité, la tenue d’une sorte de journal de vie. Écrire sera pour lui une libération, une catharsis et lui permettra d’accéder à une reconnaissance sociale et identitaire qui l’aidera à dépasser ses souvenirs douloureux. Sa mère aura même ce compliment haineux Le raté, il a fini par réussir » Lamy, 1992, p. 67. Car au trauma subi dans le réel ici le désamour maternel s’ajoute et succède le traumatisme de la représentation du réel de cette maltraitance avoir été un enfant non désiré et battu. 15 Il est possible que Bazin n’ait pas cherché dans l’écriture à se réparer, mais au moins, et finalement surtout, à revendiquer son droit à une identité sociale, à trouver un repère identitaire pouvant être l’équivalent d’une reconnaissance symbolique de son ses lien s affectif s. Car dans l’héritage négatif de la maltraitance intrafamiliale nous retrouvons toujours la disqualification du sujet, source de faille narcissique profonde. Dans Vipère au poing, cette disqualification s’illustre notamment par les sobriquets ridicules Brasse-Bouillon, Chiffe, Crapette dont sont affublés les enfants. Ces surnoms méprisants tout comme Poil de Carotte » chez Renard les réduisent à une enveloppe, à un paraître. Bazin a probablement trouvé une dignité » en devenant un écrivain reconnu et célèbre. Car c’est aussi par la littérature que l’on prend conscience de son humanité, que l’on peut s’interroger sur son histoire, son fonctionnement social et mental. 16 Cyrulnik 2004 décrit le récit comme un anti-brouillard, […] tant que le trauma n’a pas de sens, on reste sidéré, hébété, stupide, embrouillé par un tourbillon d’informations contraires qui nous rendent incapables de décider. Mais, puisque l’on est obligé de donner un sens aux faits et aux objets qui nous “parlent” nous avons un moyen d’éclairer le brouillard provoqué par le traumatisme le récit. Dans ce cas, la narration devient un travail de sens. Mais toute histoire n’est pas socialisable, il faut l’adapter à l’autre qui a du mal à l’entendre. La métamorphose de l’événement en récit se fait par une double opération placer les événements hors de soi et les situer dans le temps. L’auditeur doit être là et se taire. Pour les blessés de l’âme, la narration est un acte qui donne le sentiment que les “événements” semblent se raconter eux-mêmes » Marin cité par Cyrulnik, 2004, p. 42. Ainsi, lentement, par ce travail le récit extrait l’événement traumatique hors de soi. 17 Delage va dans le même sens quand il écrit que, par l’activité narrative en littérature, l’homme est différent de l’animal par la capacité à produire des idées et à raconter des histoires. Mettre l’expérience vécue en mots, faire part des émotions ressenties, témoigne d’une activité de penser en même temps qu’elle soutient cette activité. L’activité narrative peut être comparée à un travail de raccommodage, au sens littéral du terme, comme on raccommode un tissu troué » Delage, 2008, p. 211. Vipère au poing , l’écrit d’une maltraitance 18 Sous une description quasi naturaliste de sa campagne d’enfance et des mœurs de l’époque, Bazin livre une pensée très fine et critique, conférant ainsi au roman une dimension d’étude psychologique d’un fonctionnement intrafamilial maltraitant. Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, est le double de Bazin. Il fut confié ainsi que ses deux frères à la grand-mère paternelle car leur mère était incapable de les prendre en charge. 19 Le roman débute par la strangulation d’une vipère qu’a trouvée Jean les parents sont encore en Chine. Dans ce face à face avec le reptile dont l’enfant sortira vainqueur, Jean prend conscience de sa force. Le décès de la grand-mère oblige les parents à rentrer en France, les garçons Rezeau sont impatients, ils ne les ont pas revus depuis des années et dès la sortie du train veulent embrasser leur mère, mais celle-ci les gifle, voulant descendre tranquillement. L’écrivain déclarera La première image que j’ai de ma mère c’est à son retour de Chine, elle avait suivi mon père. À cette époque, j’avais 11 ans. En fait, je ne l’avais jamais vue. C’était une étrangère absolue » Lamy, 1992, p. 24. Concernant sa grand-mère il ajoute Elle a joué le rôle de ma mère, c’est ainsi que j’ai ressenti et que je ressens toujours sa disparition » Lamy, 1992, p. 28. Dès son arrivée la mère prend le contrôle de la famille et impose des règles draconiennes. À la maltraitance psychologique s’ajoutent des maltraitances physiques. Ces brimades, ces privations, ces humiliations se déroulent sous l’œil du père qui pourtant préfère ne rien voir afin d’éviter le conflit avec sa femme dont il a peur et qu’il ménage, car elle a apporté l’argent dans le couple par sa dot. Le père se dérobe la plupart du temps et cautionne par son silence les maltraitances de son épouse. 20 Toute cette partie du récit aborde les aspects psychologiques inhérents à la maltraitance intrafamiliale et les préalables à la mise en place du contrôle de la relation, à la lutte de pouvoir entre les membres de la famille. Tant que les enfants sont petits, la mère omnipotente abuse de sa force. Quand ses enfants prendront progressivement leur autonomie, retrouver une domination absolue deviendra l’enjeu primordial pour Folcoche. Les enfants, pour cette anti-mère, ne sont que des choses soumises à son bon vouloir, à ses exigences cruelles. Brasse-Bouillon ne se décrit pas comme un enfant martyr ; dès l’instant où sa mère révèle sa haine, la même haine l’occupe en retour et il développe alors une combativité qui l’aidera, faute d’alternative, à supporter cette enfance terrible. 21 Le roman est un huis clos, huis clos du lieu isolé et huis clos psychique entre une mère indigne et ses enfants martyrisés, un père démissionnaire et des précepteurs changeants, en fait un entourage incapable de protéger et de défendre des enfants. Le père constate un jour les bleus sur le visage de son fils, ne dit rien mais lui adresse un sourire ému », Jean alors le méprise pour sa faiblesse. Durant l’hospitalisation de la mère, la vie familiale est plus agréable, la relation avec le père se transforme. Cependant, Brasse-Bouillon prend conscience qu’il est habitué à la haine de sa mère, elle lui manque. Non pas en tant qu’être humain, mais parce qu’elle donne du sens à son quotidien ; il croit aimer cette guerre constante, cette haine apprise. À son retour, Folcoche constate que les enfants s’opposent à sa tyrannie, elle change alors de stratégie, sème la zizanie dans la fratrie, bouscule volontairement Jean pour l’obliger à s’excuser. Les garçons, excédés, décident de la tuer mais échouent à deux reprises. Jean déjoue tous ses plans d’attaque, il n’a plus peur d’elle. Il peut alors négocier son départ en pension avec ses frères, Folcoche est obligée d’accepter, Jean a étranglé la vipère. Qu’est devenu Brasse-Bouillon ? 22 Quel genre d’homme peut naître d’une enfance aussi désastreuse ? 23 Les plus sincères amitiés, les bonnes volontés, les tendresses à venir, je les soupçonnerai, je les découragerai […] J’entre à peine dans la vie et grâce à toi, je ne crois plus en rien, ni en personne… L’homme doit vivre seul, aimer c’est s’abdiquer. Haïr c’est s’affirmer […] Je suis, je vis, j’attaque, je détruis » Bazin, 1972 [1948], p. 185. Bazin fut nourri de haine et abordera l’âge adulte meurtri par son enfance. Mais il réussit dans son livre, cri de révolte, à se venger de Folcoche. Sa haine sera l’un des moteurs de sa résilience ; dans un monologue intérieur il s’adresse ce message prédictif d’espoir Tu n’es pas ce que tu veux, mais tu seras ce que tu voudras » Bazin, 1972 [1948], p. 154. 24 Aimer ne fut pas simple pour Brasse-Bouillon ; devenu adolescent, il doit lutter avec ce qu’il appelle sa nouvelle vipère », c’est-à-dire son désir des femmes. Sa première victime sera Madeleine, qu’il séduira et abandonnera Je ne veux plus l’entendre murmurer comme elle l’a fait en me quittant, presque tendre… ça, non, je ne le supporterai pas d’elle, ni d’une autre ! » ibid., p. 170. Et, s’adressant intérieurement à sa mère Tu n’es qu’une femme, et toutes les femmes paieront plus ou moins pour toi. J’exagère ? Écoute… L’homme qui souille une femme souille toujours un peu sa mère. On ne crache pas seulement avec la bouche » ibid., p. 168. Il faudra du temps, beaucoup de rencontres, beaucoup d’amour, pour que Bazin s’apaise, quitte cette vengeance froide, et peut-être pardonne ? 25 Malgré cette enfance désastreuse, Brasse-Bouillon a probablement bénéficié de ce qu’Angelino appelle une greffe humanisante » 1997 en la personne de la grand-mère paternelle. Cette dernière permit des identifications positives. Une famille où subsistent des personnes ressources est un atout majeur quand l’environnement est gravement carencé. Cette greffe humanisante se rapproche du tuteur de résilience » de Cyrulnik. La prédiction négative encore trop souvent entendue enfant maltraité = futur parent maltraitant ne se retrouve pas chez Bazin. Tout au plus peut-on faire l’hypothèse d’ailleurs hasardeuse d’une certaine difficulté affective au regard de ses quelques expériences conjugales quatre mariages ? Pourrait-il s’agir de tentatives de réparation ? En effet, comme l’explique Miljkovitch 2009, les attachements de l’enfance, les liens qui se sont tissés au contact des parents influencent et orientent, souvent de façon durable, la vie du couple. Dans le cas d’attachement insécure justement, il subsiste des attentes infantiles impérieuses qui, ne pouvant être satisfaites, peuvent faire péricliter le couple. Il faut souligner ici l’importance de l’amour dans le processus de réparation ; la possibilité de partager une expérience subjective à travers le regard de l’autre est d’un grand secours. Cette résonance émotionnelle, ce partage d’une expérience qui rapproche, n’est pas sans rappeler la notion d’ accrochage » affectif de Stern. 26 Bazin livrera dans des entretiens quelques considérations sur l’amour. Trouver une femme à sa pointure, est-ce difficile ? C’est que, justement, il s’agit moins de pointure que de jointure la communauté de goûts, d’idées, de milieu, d’ambitions joue de moins en moins, désormais, dans nos unions où la raison est de plus en plus arraisonnée par l’Amour, grand A, dont on sait qu’il devient très vite petit a et même a privatif, si l’on en juge à la fréquence des séparations. J’étonnerais beaucoup le jeune homme que j’ai été en lui avouant qu’il est aussi difficile de vivre sans passion que d’éviter qu’elles passent » Lamy, 1992, p. 49. L’amour c’est un vieux mais juste cliché a la fragilité du verre et les gens brusques, comme moi, ne sont jamais à l’abri de la casse. Je regrette de dire, mais rien n’est assuré dans la vie, à commencer par la vie elle-même, celle d’autrui dans la nôtre l’est encore moins » ibid., p. 48. Et au sujet du divorce Moi j’ai fait la même chose, pour me fournir cette impression de renouvellement que les psychanalystes taxeraient sans doute d’instabilité chronique » ibid., p. 84. Commentaire, analyse du narratif 27 Sans prétendre se livrer ici à une analyse littéraire de l’écriture de la violence », il est intéressant de considérer le style utilisé dans le récit et la façon dont l’écrivain va traiter » son traumatisme. Vipère au poing nous touche profondément car il interpelle le lecteur et l’oblige à un questionnement. Les actes de maltraitance sont décrits de façon très détaillée ; l’auteur, en relatant la cruauté du comportement de Folcoche, lui attribue une intention, peut-être dans le but de donner un sens, une explication susceptible d’expliquer la rage de cette mère. Elle ne nous battait jamais sans nous en donner les motifs. Elle réglait ses comptes » Bazin, 1972 [1948], p. 47. Affirmer son autorité chaque jour par une nouvelle vexation devint la seule joie de Mme Rezeau. Elle sut nous tenir en haleine, nous observer, remarquer et détruire nos moindres plaisirs » ibid., p. 35. Un an après la prise du pouvoir par notre mère, nous n’avions plus aucune foi dans la justice des nôtres. Grand-mère, la gouvernante avaient pu nous paraître dures quelquefois, mais injustes jamais… Les enfants ne réfléchissent que comme les miroirs il leur faut le tain du respect » ibid., p. 39. 28 L’écriture est incisive, directe, toujours formulée dans un style châtié ; même si dans le roman c’est un enfant qui parle, à la lecture c’est désormais bien un homme qui écrit. Les verbes conjugués tantôt au présent, au passé, au futur donnent la sensation au lecteur de ne plus savoir qui s’adresse à lui. Je me souviens, je me souviendrai toute ma vie, Folcoche […] Vengeance ! Vengeance ! Il n’y a plus qu’un seul verbe qui compte ici, et nous le déclinons correctement à tous les temps. Je te hais, tu me hais, il la haïssait, nous nous haïrons, vous vous étiez haïs, ils se haïrent ! » ibid., p. 52. 29 Le décor du récit est bien planté, très visuel, la présentation en tableaux successifs lieu, personnages, action, récit tragi-comique montant en intensité dramatique, sortie des personnages évoque le théâtre et permet ainsi au lecteur des mouvements identificatoires multiples. Et nous voici réunis, tous les cinq, réunis afin de jouer le premier épisode de ce film à prétentions tragiques, qui pourrait s’intituler “Atrides en gilet de flanelle”. […] Nous cinq et quelques figurants, rapidement éliminés, en général par le manque d’oxygène sentimental qui rendait irrespirable pour les étrangers l’atmosphère de notre clan. Campons les personnages… » Bazin, 1972 [1948], p. 23. Folcoche avec ses grandes oreilles, ses cheveux secs, sa bouche serrée et ce bas de visage agressif qui faisait dire à Frédie “Dès qu’elle ouvre la bouche, j’ai l’impression de recevoir un coup de pied au cul. Ce n’est pas étonnant avec ce menton en galoche” » ibid., p. 24. Le ton employé est très souvent ironique, dans un procédé défensif de mise à distance et pour permettre au lecteur et au narrateur de supporter la férocité des agissements maternels. Notre mère, qui avait raté sa vocation de surveillante pour centrale de femmes… » ibid., p. 33. Outre ses enfants, je ne lui connaîtrai que deux ennemis les mites et les épinards. Je ne crois rien pouvoir ajouter à ce tableau, sinon qu’elle avait de larges mains et de larges pieds, dont elle savait se servir » ibid., p. 24. Même le projet tragique de tuer la mère devient comique Je ne m’interrogeais pas sur l’énormité du crime, aussi naturel à nos yeux que la destruction des taupes ou la noyade d’un rat… » ibid., p. 126. 30 Chez l’écrivain Bazin, l’humour est donc un procédé stylistique utile à la mise à distance du thème de son récit. L’humour, au sens restreint retenu par Freud, consiste à présenter une situation vécue comme traumatisante de manière à en dégager les aspects plaisants, ironiques, insolites. C’est dans ce cas seulement l’humour appliqué à soi-même qu’il peut être considéré comme un mécanisme de défense » Ionescu, 2006 [1997], p. 183. L’humour permet, selon Freud, l’économie d’une dépense de sentiment. Chez Bazin il participe à la mise en place du monde interne du narrateur, un monde nourri de haine, de révolte, de dérision. Pour autant cet humour lui permet d’exprimer et de révéler sa souffrance passée et présente, et cela d’une façon infiniment plus pudique qu’en recourant à la plainte. Le récit au ton caustique est une analyse cruelle et cynique des liens familiaux du milieu bourgeois de l’écrivain. On peut dire du narrateur Bazin-Brasse-Bouillon qu’il sourit au milieu des larmes. Cette formulation pourrait s’apparenter à l’oxymoron association de deux termes antinomiques, figure de rhétorique évoquée par Cyrulnik 1999. L’oxymoron illustre bien la résilience et nous rappelle Semprun quand il évoque entretien avec M. Huelin, 1998 l’échange de poèmes dans les camps, pour survivre psychiquement » dans une juxtaposition de l’horreur et de la poésie en quelque sorte. 31 La métaphore du serpent qui constitue l’incipit du récit sera souvent réutilisée quand Jean parlera du regard maternel, dans lequel il retrouve le même éclat que dans celui de sa vipère d’enfance, qu’il identifie comme de la haine. Cet incipit est stratégique, il capte l’attention du lecteur et fait émerger les premiers éléments signifiants de l’univers que l’on va découvrir. La référence au reptile servira de fil rouge tout au long du récit. Nous comprenons que la référence à Hercule et à la vipère rapproche les personnages principaux de deux figures plus monstrueuses qu’humaines. 32 Je rapprochai la vipère de mon nez, très près, tout près… elle avait de jolis yeux, vous savez cette vipère […] des yeux de topaze brûlée piqués noir au centre et tout pétillants d’une lumière que je saurais plus tard s’appeler la haine et que je retrouverais dans les prunelles de Folcoche, je veux dire de ma mère… » Bazin, 1972 [1948], p. 6. “Folcoche ! Regarde-moi donc, Folcoche ! Je te cause !” Alors ton regard se lève de dessus tes nouilles à l’eau, ton regard se lève comme une vipère et se balance, indécis, cherchant l’endroit faible qui n’existe pas. Non, tu ne mordras pas Folcoche ! Les vipères ça me connaît. Je m’en fous des vipères. […] Moi, je ne t’aime pas. Je pourrais te dire que je te hais, mais ça serait moins fort. Oh ! Tu peux durcir ton vert de prunelle, ton vert-de-gris de poison de regard. Moi je ne baisserai pas les yeux. […] Tu vois que je suis toujours en face de toi, mon regard tendu vers ta vipère de regard à toi, tendu comme une main et serrant, serrant tout doucement, serrant jusqu’à ce qu’elle en crève. Hélas ! Pure illusion d’optique. Façon de parler. Tu ne crèveras pas. Tu siffleras encore… » ibid., p. 53-54. Et enfin, en conclusion du récit Cette vipère, ma vipère, dûment étranglée, mais partout renaissante, je la brandis encore et je la brandirai toujours, quel que soit le nom qu’il te plaise de lui donner haine, politique du pire, désespoir ou goût du malheur ! Cette vipère, ta vipère, je la brandis, je la secoue, je m’avance dans la vie avec ce trophée, effarouchant mon public, faisant le vide autour de moi. Merci ma mère ! Je suis celui qui marche, une vipère au poing » ibid., p. 186. Les métaphores animales, pour décrire la mère, signent l’impossibilité pour le narrateur de la présenter comme un être totalement humain, Folcoche est un mot-valise amalgamant un mélange quasi monstrueux de folle et de cochonne, plus tard Bazin précisera qu’une Folcoche pour un fermier, c’est la truie qui, mettant bas, dévore aussitôt ses petits » Lamy, 1992. p. 69. La métaphore, en tant que traduction symbolique, est un procédé utile à exprimer l’irreprésentable, surtout quand il s’agit d’évoquer la figure maternelle dans un rôle de bourreau. Chez Renard le Toiton » dans Poil de Carotte Mme Lepic est métaphorisée en araignée et l’enfant en moucheron. L’extrait suivant illustre la terreur sidérante ressentie à l’approche de cette mère tentaculaire qui enferme sa proie dans une toile Au plafond, un moucheron s’est pris dans une toile d’araignée, vibre et se débat. Et l’araignée glisse le long d’un fil. Son ventre a la blancheur d’une mie de pain. Elle reste un instant suspendue, pelotonnée. Poil de Carotte, sur la pointe des fesses, la guette, aspire au dénouement, et quand l’araignée tragique fonce, ferme l’étoile de ses pattes, étreint la proie à manger, il se dresse debout, passionné, comme s’il voulait sa part. Rien de plus. L’araignée remonte. Poil de Carotte se rassied, retourne en lui, en son âme de lièvre où il fait noir » Renard, 2003 [1894], p. 107. Le style ici est percutant, les phrases sont courtes et laconiques. Le pronom personnel je », le je qui engage, n’est jamais utilisé par Poil de Carotte réduit dans ce passage à un insecte pris au piège. On sait que Renard parle de lui en parlant de Poil de Carotte et, comme dans un effet de miroir puisqu’en fait c’est son histoire, il se regarde en train de se regarder. Cette mise à distance stylistique dans la non-utilisation du je est d’ailleurs retrouvée dans une étude menée à Toulon des récits de patients ayant subi des maltraitances Perrin linguiste, sur des travaux de Cyrulnik, Delage, Blein, Dupays, 2008. Conclusion 33 Dans les œuvres analysées ci-dessus, il apparaît que la narration a pu contribuer pour leurs auteurs au dégagement partiel de l’expérience traumatique sublimation littéraire réussie chez Bazin. Mais le processus de narration n’est pas toujours suffisant ; les actes suicidaires réussi chez Levi, manqué chez Renard pourraient s’expliquer, partiellement, par l’absence de liens, et même d’empreinte de liens suffisamment solides pour tenir accroché à la vie. 34 Il ne s’agira pas évidemment pour le thérapeute utilisant ce médiateur de faire dire » à tout prix. Ce qui reste visé est la figurabilité du trauma, permettant ensuite une mise en partage émotionnel autour de cette blessure. L’écrivain est d’abord le narrateur et son propre auditeur à la fois, ce faisant son activité narrative soutient le travail psychique de mentalisation, c’est-à-dire une mise en représentation désormais communicable et partageable avec autrui. 35 Laissons les derniers mots aux écrivains 36 Le besoin de raconter aux autres, de faire participer les autres, avait acquis chez nous, avant comme après notre libération, la violence d’une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires ; c’est pour répondre à un tel besoin que j’ai écrit mon livre. C’est avant tout en vue d’une libération intérieure » Levi cité par Levallois, dans Chiantaretto et coll., p. 25. 37 On a souvent assimilé l’œuvre littéraire à une délivrance. Sans insister sur ce qu’a de fâcheux, d’obstétrical, cette comparaison, je la trouve exacte. Un auteur porte en lui-même un livre… Il faut qu’il s’en débarrasse. Il y a, dans la production de ce livre, quelque chose d’obligatoire, d’inévitable […] Donc, j’avais porté longtemps, fort longtemps, Poil de Carotte et je m’en étais délivré par un livre. J’allais mieux, pas tout à fait bien pourtant… Il me restait encore du Poil de Carotte il m’en reste encore d’ailleurs, il m’en restera toujours, car il y a – est-ce un avantage ou une infériorité ? – il y a l’homme d’un seul livre, comme il y a l’homme d’une seule femme. 38 […] Le bonheur ne peut être complet que dans la famille. Seulement, si ce n’est pas difficile à planter, une famille, c’est très difficile à cultiver » Renard, Conférence de Nevers, 1904. Notes [1] Article reçu par la rédaction le 16 juin 2009, accepté le 16 octobre. La narration pour se dégager du traumatisme ? Exemples cliniques en littérature Utilité d’écrire sa maltraitance ? Vipère au poing , l’écrit d’une maltraitance Qu’est devenu Brasse-Bouillon ? Commentaire, analyse du narratif Conclusion BIBLIOGRAPHIE ANGELINO, I. 1997. L’enfant, la famille et la maltraitance, Paris, Dunod. BAZIN, H. 1948. Vipère au poing, Livre de Poche, 1972. BELLEMIN-NOËL, Psychanalyse et littérature, Paris, PUF. BOWLBY, Attachement, séparation, perte, Paris, PUF. CHIANTARETTO, ; CLANCIER, A. ; ROCHE, A. sous la direction de. 2005. Autobiographie, journal intime et psychanalyse, Paris, Économica. CYRULNIK, B. 1999. Un merveilleux malheur, Paris, Odile Jacob. CYRULNIK, B. 2001. Les vilains petits canards, Paris, Odile Jacob. CYRULNIK, B. 2004. Parler d’amour au bord du gouffre, Paris, Odile Jacob. DELAGE, M. 2008. La résilience familiale, Paris, Odile Jacob. DUPAYS-GUIEU, A. 2002. L’attachement à l’épreuve de la séparation », DEA de psychopathologie, Lyon 2. FRANK, A. 1942-1944 [1947]. Journal, Calmann-Lévy. GELAS, B. 2002. Communication, séminaire DEA, université Lyon 2. GUÉDENEY, A. 1999. Les déterminants de la résilience », dans B. Cyrulnik sous la direction de, Ces enfants qui tiennent le coup, Paris, Hommes et perspectives. IONESCU, S. et coll. 1997. Les mécanismes de défense, Paris, Armand Colin, 2006. LAPLANCHE, J. ; PONTALIS, Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, PUF. LAMY, 1992. Hervé Bazin, entretiens avec Jean-Claude Lamy, Stock. LEVI, P. 1947. Si c’est un homme, Julliard, 1987. MARIN, L. 1994. De la représentation, Paris, Le Seuil. MARTY, F. et coll. 2001. Figures et traitements du traumatisme, Paris, Dunod. MILJKOVITCH, R. 2009. Les fondations du lien amoureux, Paris, PUF. PERRIN, F. 2008. Récits de maltraitance, travaux de Cyrulnik, Delage, Blein, Dupays. RENARD, J. 1894. Poil de Carotte, Livre de Poche, 2003. RENARD, J. 1887-1910. Journal, Paris, Gallimard, 1925. SEMPRUN, J. 1998. Entretien avec M. Huelin, Les grands entretiens, Archives de la TSR. Annie Dupays-Guieu Psychologue clinicienne Thérapeute familiale à l’association Vivre en famille AVEF La Seyne-sur-Mer 83 vallonbh Catégorie> Lettre et philosophie Résumé de chapitre par chapitre de Le Pauvre Christ de Bomba. Posté par Kate le 14/04/2022 à 10:16:00. Je veux lé résumé de chapitre par chapitre de "Le Pauvre Christ de Bomba" de Mongo Beti

L'histoire débute durant l'été 1922. Un enfant découvre une vipère. Il la saisit et l'étouffe de ses mains. Cet acte lui vaut d'être comparé à Hercule, le personnage de la mythologie grecque, qui dans son berceau étrangla deux serpents. 25 ans plus tard, Jean Rezeau, "l'enfant de 1922" est le narrateur de l'histoire. Son surnom est Brasse-Bouillon. Il évoque la propriété de sa famille, La Belle Angerie. Il présente sa grand-mère paternelle, Mme Rezeau, chez qui lui et son frère aîné, Ferdinand, ont passé, parmi des domestiques dévoués, quelques années d'enfance heureuses tandis que leurs parents et leur plus jeune frère séjournaient en Chine. M. Rezeau père enseignait le droit international dans une université chinoise. Lorsque Jean a huit ans, sa grand-mère meurt d'une maladie des reins. Les parents doivent rentrer de Chine. Les deux frères ont hâte de revoir leurs parents et de découvrir ce petit frère, Marcel, qu'ils ne connaissent pas. Mais les retrouvailles se transforment en cauchemar. Les deux frères sont sur le quai de la gare de Segré pour accueillir leurs parents et leur petit frère. Ils se précipitent vers leur mère pour l'embrasser. Mais celle-ci, agacée par ces gestes de tendresse les gifle sans ménagement et leur ordonne de porter les valises. M. Rezeau cesse de travailler et vit des revenus de la propriété. Homme faible, il est dominé par sa femme et préfère passer ses journées à collectionner les insectes plutôt que de s'occuper de ses enfants. Le narrateur décrit ensuite les autres membres de sa famille sa mère, Mme Rezeau est la fille d'un sénateur, et la petite fille d'un banquier. Très riche , elle a apporté une immense dot au mari que lui ont choisi ses parents. Puis Jean présente ses frères Ferdinand, l'aîné, dit Fredie que l'on appelle parfois Chiffe en raison de son caractère timide et peureux; et Marcel, le jeune frère, le préféré de sa mère, qu'il décrit comme fourbe et travailleur. Jean, le narrateur que l'on appelle Brasse-Bouillon, se décrit comme un enfant joufflu, aimant la vie mais aussi rebelle et ayant mauvais caractère. Dès leur arrivée, les parents imposent une discipline de fer. M. Rezeau établit des horaires draconiens et Mme Rezeau commet de sévères brimades, dont la plus traumatisante est de tondre ses enfants avec la tondeuse qui servait auparavant pour l'âne Cadichon. Les deux frères aînés subissent la cruauté de leur mère, sa partialité et sa sévérité. Elle chasse Ernestine , la gouvernante, qui a eu le malheur de protester et peut ainsi à sa guise imposer sa tyrannie . Elle nourrit mal ses enfants, et se permet pendant les repas de planter sa fourchette dans leurs mains. Elle les prive de promenades et les condamne à passer leurs journées à désherber les allées du parc. Elle confisque les objets et les jouets de ses enfants ainsi que les friandises que leur offrent leurs grands-parents. Pire, le soir, après la prière, chaque enfant doit se confesser devant elle et le précepteur et avouer les péchés de la journée. Marcel, le jeune fils préféré, en profite pour dénoncer ses frères. Blessés par tant de cruauté, Fredie et Jean se réfugient dans l'hypocrisie et affublent leur mère du surnom de Folcoche, association de folle et de cochonne. Durant la saison de chasse, M. Rezeau père propose à ses enfants de l'accompagner et de rabattre le gibier. Les fils profitent pleinement des ces quelques heures de liberté. Folcoche, elle, vit mal ce plaisir que leur procure ce loisir. Un soir, excédé de constater que ses fils ont passé une très agréable journée, elle décide de sévir. Pour une fois, leur père décide de s'interposer. Vexée par cet échec Folcoche fait payer cette humiliation à ses enfants. Sans aucun motif, les dents serrées, elle les bat. Le jardinier , qui a eu le malheur d'assister à la scène est licencié. Un soir pendant la prière, Folcoche s'évanouit. Le médecin diagnostique des calculs à la vésicule. En plus de la douleur que doit supporter Mme Rezeau, en raison de cette maladie, elle doit affronter Brasse-Bouillon qui a trouvé comme seule défense de la fixer dans les yeux durant les repas. Ce soir-là il parvient à soutenir son regard pendant huit minutes. A la Belle Angerie, les précepteurs se succèdent à un rythme effréné. Soit ils ont le malheur de se hasarder à des remarques, soit ils ne supportent pas cette ambiance haineuse. Les enfants commencent à leur donner des surnoms, ainsi BIV est-il remplacé par BV qui ne reste que 8 jours. Le 14 juillet 1927, Folcoche est hospitalisée à Angers pour une opération de la vésicule biliaire. Les garçons profitent de l'absence de leur mère ils laissent repousser les pissenlits du jardin et leur cheveux. Même leur père semble aller mieux, ses migraines diminuent et il se met à initier ses enfants à sa passion des insectes, à la politique,à la botanique et à l'astronomie. Folcoche tarde à retrouver la santé; ses garçons craignent son retour et se prennent à rêver de sa mort. Ils en profitent aussi pour se constituer des réserves une cachette dans la chambre de Fredie leur permet de stocker toutes les provisions qu'ils peuvent récupérer. Folcoche rentre à la Belle Angerie. Mais durant les quelques mois de son absence, ses fils ont grandi et les gifles qu'elle distribue toujours aussi généreusement ont beaucoup moins d'impact. Il lui faut changer de stratégie. Elle essaye de renvoyer Fine, la femme qui sert la famille depuis trente ans, mais s'y oppose. Pour semer la discorde parmi les trois frères qui ont constitué un "pacte de défense", Folcoche tente de corrompre Marcel, le jeune frère, mais Brasse-Bouillon parvient à maintenir l'union sacrée entre les enfants. Folcoche décide alors d'éloigner les deux aînés pour mettre au point une nouvelle tactique. M. Rezeau père, Ferdinand et Jean partent en voiture dans le Gers. Cette aventure permet aux deux frères de goroot-ater des plaisirs inconnus des hôtes chaleureux, des lits confortables, des repas délicieux.... Mais bizarrement Brasse-Bouillon supporte mal cette vie sans interdiction et sans haine. Folcoche lui manque ... Une lettre de Marcel, leur frère cadet, leur permet d'avoir les dernières nouvelles de la Belle Angerie. Folcoche a engagé un nouveau précepteur encore plus sévère que les précédents. Elle a aussi découvert la cachette où les enfants stockaient leurs provisions. Le retour risque d'être terrible... Les enfants rentrent à la Belle Angerie. Aussitôt ils donnent à l'abbé Traquet, leur nouveau précepteur, le surnom de BVII. Celui-ci commence par fouetter Frédie, en raison des provisions trouvées dans sa chambre. Mais Brasse-Bouillon ne reste pas inactif en cachette il réconforte son frère aîné . Ensuite il jette le trouble chez Folcoche en lui laissant croire que le précepteur a vraiment été très clément avec le fautif. Puis il murmure au précepteur que sa mère le prend pour un simple domestique. Enfin il obtient de son père que Frédie bénéficie d'une amnistie. Jean est devenu le principal souffre douleur de Folcoche. Elle multiplie les humiliations et lui, les représailles. C'est la "guerre civile". A l'actif de Folcoche les soupes épouvantablement salées, les habits de son fils qu'elle déchire et qu'elle accuse ensuite de négligence. Brasse Bouillon n'est pas en reste il déchire la collection de timbres de Folcoche, arrose ses fleurs avec de l'eau de Javel. Pour faire payer à leur mère sa piété perfide , les frères se défoulent dans les églises ils jettent les missels dans les bénitiers, détraquent les horloges, couvrent les murs de graffitis... Puis c'est la guerre "alimentaire" . Folcoche leur donne à manger du poisson avarié et accuse ses enfants d'avoir voulu empoisonner les chevaux. Cette accusation donne des idées aux enfants. Ils versent 100 gouttes de belladonne dans le café de leur mère pour l'empoisonner. Mais celle-ci qui a souvent utilisé ce médicament durant sa maladie n'aura qu'une "simple" colique. Les enfants ne désarment pas , si l'empoisonnement a échoué, alors ce sera la noyade dans la rivière. Folcoche en réchappe miraculeusement. Folcoche qui comprend qu'elle a échappé par deux fois à la mort décide de se venger. Elle demande à l'abbé Traquet de fouetter Brasse Bouillon , qu'elle soupçonne d'être le meneur. Il se barricade dans sa chambre et s'enfuit la nuit venue. Il parvient à se rendre à Paris chez ses grands parents maternels, les Pluvignec. Il est impressionné par ce sénateur qui vit dans le somptueux quartier d'Auteuil , par sa fortune mais est incommodé par sa vanité. M. Pluvignec, lui, est amusé par l'audace de son petit-fils et il promet d'=~=ìuvrer pour réconcilier l'enfant et sa famille. M. Rezeau père arrive à Paris chercher son fils et à la grande surprise de ce dernier il n'exprime aucune colère, juste un embarras. Jean en vient presque à regretter que ce ne soit pas Folcoche qui ait fait le voyage. Certes, il la déteste, mais elle, elle aurait fait preuve d'autorité et de fermeté. Brasse Bouillon revient avec son père à la Belle Angerie. L'ambiance est plutôt à l'indifférence. Il prend alors l'habitude de se réfugier sur la plus haute branche d'un arbre de la propriété. Ce refuge, où il se rend très souvent lui permet d'analyser la nouvelle situation. Il sait que maintenant son combat contre Folcoche a changé de nature. Sa corpulence d'adolescent, ses initiatives, son assurance et son sens de la provocation impressionnent Folcoche. Il rêve d'être bientôt exclu de la famille. Les travaux recommencent à la Belle Angerie il faut désherber les allées du parc, cirer les parquets du salon... Pourtant un anniversaire va modifier le quotidien. Cela fait vingt cinq ans que le vénérable René Rezeau a été élu à l'Académie française. Jacques Rezeau, le père de Jean souhaite organiser une grande cérémonie familiale pour fêter l'illustre octogénaire. Le jour de la fête, il faut écouter un discours assommant de trois heures. Jacques Rezeau profite de cette journée pour vanter les valeurs de la bourgeoisie et de la famille. Jean pour sa part a trouvé cette cérémonie désuète et incongrue. La haine qu'il éprouvait pour ses proches s'étend maintenant à toute sa famille et à toute la bourgeoisie. Brasse Bouillon et Folcoche se ménagent quelque peu. Jean a maintenant quinze ans et commence à désirer les femmes. Il jette son dévolu sur Madeleine, une jeune fermière. Un dimanche d'été, en fin d'après-midi, il parvient à la séduire sous l'oeil attentif de Frédie qui, à la fois, contrôle le voisinage et s'assure de la réussite de son frère. Pendant quelques semaines, Jean savoure sa conquête, mais très vite il s'irrite des marques de tendresse de Madeleine. Pour lui, les femmes ne peuvent être différentes de sa mère, c'est pourquoi il s'en méfie. Folcoche qui sait maintenant que Brasse Bouillon la connaît parfaitement souhaite l'éloigner. Elle projette de cacher son portefeuille dans la chambre de son fils puis elle l'accusera. Jean pressent le piège. Il voit sa mère sortir de sa chambre et s'empresse de lui rapporter le portefeuille qu'elle a "oublié". La confrontation entre les deux adversaires n'a pas lieu, car finalement ils ont le même objectif le départ de Jean pour le Collège. Ce qu'il finit par obtenir pour lui et pour ses frères Jean va prévenir Madeleine de son départ. Il se moque de sa tristesse. Elle fond en larmes. Les trois garçons vont partir comme internes chez les Jésuites au Mans. Reste une haine définitive entre Folcoche et Jean. Cette animosité a façonné pour toujours la personnalité du narrateur. Il n'a plus confiance en rien ni en personne. Il quitte la Belle Angerie "une vipère au poing". Notre avis Les avis des grands Mômes - Ouais ben moi j'ai pas fini de le lire en entier mais perso en cours quand on le lit je m'endors, et le voc' c'est laisse tomber à chaque phrase faut prendre le dico, donc pour l'instant ben j'aime pas trop... j'espère que le film est mieux parce que je vais le voir le 9 avril. - Je trouve que ce livre est très intéressant mais très émotif également, une mère ne doit en aucun cas être comme elle. Alors les futures mamans ne devenez jamais comme ça svp!!! - Le début du livre n'est pas bien mais j'avoue que la fin me plait bien - Le résumé est vraiment très bien raconté! félicitations!!!! Continuez ainsi!! - C'est un très bon livre! Très agréable à lire! - Moi j'ai bien aimé ce livre et les disputes entre Jean et sa mère. Je comprends Jean mais je ne sais pas si j'aurais fait la même chose parce que je ne sais pas si j'aurais eu la force. En tout cas si vous n'avez pas lu le livre lisez-le il est génial et certains faits n'ont pas été racontés dans le résumé. - Moi je trouve que l'histoire elle est assez longue. Mais j'ai bien aimé l'histoire et je voulais dire que c'est impensable de voir une mère qui déteste ses enfants à ce point là - Il est très bien et nous permet de comprendre le manque d'affection mais il est lourd - C'est un très bon livres mais il est mal adapté au cinéma - Sérieux je confirme que se livre est à ch[..] mais bon il y a quand même des passages vaiment marrants surtout avec les surnoms qu'ils se donnent entre eux mais bon sérieux là c'est un peu abusé le conflit entre la mère et ses enfants, mais bon l'histoire est quand même ac marent je trouve même s'il est à ch[..] et je voudrais remercier Florianne de m'avoir si gentiment donné le titre de ce livre dacostalbssdav bisous à toi - Je n'ai pas beaucoup aimé ce roman car pour moi il y a beaucoup de drames et c'est inimaginable qu' une mère déteste ses enfants à ce point. Des passages de ce livre sont dégoutants et même m'écoeurent!!!! - il é nul on s' endort quand on le li ne l' acheté pas chui en train de le lire en classe il é nul - Bon livre mais trop long - Quelles sont les différences entre le film et le livre ? - Il est très long mais si l'histoire nous plait vraiment on ne voit pas les pages passer. Merci et au revoir. c. - Une histoire assez compliquée, avec trop de rebondissements et de haine - C'est un roman enrichissant sur le point vocabulaire. On y touve une touche d'humour arroser les fleurs avec de l'eau de javel. Dans l'ensemble c'est une histoire triste relations familiales et parfois dure..... - Le livre doit être génial moi en tout cas je suis allée voir le film au ciné, il est super - C'est ennuyeux.... et puis très long.... j'aime pas trop... et le film, ennuyeux et nul ! -Il est bien mais l'histoire est assez longue!!!!!!!! Sinon ça va! Kissssssssss! mais le film doit être génial! - Très chers lecteurs, Voilà à peine quelques jours que j'ai fini la lecture de Vipère au poing et je voudrai vous faire part de mon impression. Nous étudions l'autobiographie à l'école et voici une oeuvre assez spéciale. La haine que Jean porte à sa mère, ses expressions afin d'éviter le terme affectueux et tendre de 'maman' m'ont beaucoup choquées. Mais en faisant le point sur son arbre favori, Jean se décide à changer de vie, de nom, de famille, de repères. Ainsi il deviendra notre Hervé Bazin. Mais est-ce que à ce jour, il peut encore aimer, ne se méfier de personne? Ce livre m'a énormément plu et j'espère avoir bien d'autres oeuvres de sa part peut être plus tendre et moins dures. - J'ai trouvé la lecture de ce livre très enrichissante. - Je l'étudie en classe et je dois avouer que je le trouve un peu à ch[...]. Ma classe est unanime sur ce fait. J'ai juste bien aimé le passage où Jean [...] avec Madeleine... d- - C'est vraiment impensable qu'une mère déteste à ce point ses enfants. Ce livre m'écoeure et n'est pas bien- Pas mal

Vipèreau poing, c'est le combat impitoyable livré par Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et par ses frères à leur mère, une femme odieuse qu'ils ont surnommée Folcoche. Cri de haine et de révolte, ce roman, largement autobiographique, le premier d'Hervé Bazin, lui apporta la célébrité et le classa d'emblée parmi les écrivains les plus lus du XXe siècle. Bazin Vipère au poing Version Effacer Mettez toutes les chances de votre côté et pensez au pack réussite ! Informations complémentaires Informations complémentaires Auteur Bazin Version Pack réussite, Fiche de lecture, Résumé
Ila une querelle à Meung où il a rencontré un gentilhomme et Milady : ce dernier lui a volé sa lettre de recommandation. La peste se propage partout. Résumé chapitre par chapitre 1. Lettres africaines, 2013, 224 p. Tout s'effondre, il n'y a plus de centre. Résumé de Vipère au poing d'Hervé Bazin.
5 CD audio Ce premier roman d'Hervé Bazin, largement autobiographique, paraît en 1948 et connaît immédiatement le franc succès qu'il conserve aujourd'hui. Pour... Lire la suite 18,80 € Neuf Poche En stock 5,90 € Actuellement indisponible 8,75 € Ebook Téléchargement immédiat 3,49 € Téléchargement immédiat 4,49 € Grand format Actuellement indisponible 22,40 € Livre audio Actuellement indisponible 18,80 € Actuellement indisponible Ce premier roman d'Hervé Bazin, largement autobiographique, paraît en 1948 et connaît immédiatement le franc succès qu'il conserve aujourd'hui. Pour ce monde en ébullition de l'immédiat après-guerre, il dépeint en effet le combat rageur d'un enfant avec son entourage, et singulièrement avec celle qu'il ne daigne plus appeler sa mère. Cette révolte de Jean Rezeau pour Fokoche symbolise la lutte de tous les mal-aimés qui n'ont plus d'autre choix pour se construire que la haine. La peinture acérée des personnages, les suspens de l'histoire et la clarté de la langue font de Vipère au poing l'un des classiques du XXe siècle, au programme des étudiants français et étrangers. Pierre Vaneck, qui est à la fois une figure du cinéma Paris brûle-t-il ? Pardonnez nos offenses, L'année des méduses, Sur la terre comme au ciel, Là-bas... mon pays... et un comédien de théâtre choisi par les plus grands Jean-Louis Barrault, Jean Vilar, Georges Wilson..., donne à cette lecture route la force d'une rage contenue. Date de parution 03/06/2004 Editeur Collection ISBN 3298490007594 EAN 3298490007594 Présentation Boîte Biographie de Hervé Bazin Hervé Bazin est né à Angers en 1911. Elevé d'abord par sa grand-mère, il a vécu dès l'âge de dix ans des conflits familiaux aigus. Adolescent instable et fugueur, révolté, il a trouvé une expression de son mal de vivre d'abord dans la poésie qui lui valut le prix Apollinaire en 1947, puis dans le roman à partir de 1948. Il a obtenu en 1957 le Grand Prix de Littérature de Monaco et a été élu en 1958 à l'Académie Goncourt qu'il préside depuis 1973.
\n \n \n \n résumé vipère au poing chapitre par chapitre
الرئيسية8 jours sans alcool bienfaits/ tout s'effondre résumé par chapitre. étude de cas auchan tout s'effondre résumé par chapitre. 2022-06-01. 0 أقل من دقيقة. rtl podcast philippe caverivière
News Bandes-annonces Casting Critiques spectateurs Critiques presse VOD Blu-Ray, DVD Spectateurs 2,9 2941 notes dont 185 critiques noter de voirRédiger ma critique Synopsis Premier volet d'une trilogie autobiographique, Vipère au poing raconte l'enfance de Jean Rezeau. En 1922, après le décès de leur grand-mère paternelle qui en avait la charge, le jeune garçon et son frère Ferdinand retrouvent leurs parents revenus d'Indochine. Mais les relations avec la mère, vite surnommée "Folcoche", association de "folle" et de "cochonne", vont prendre une tournure cauchemardesque. Celle-ci n'hésitera pas à tondre les deux enfants, à mal les nourrir et à leur planter sa fourchette dans leurs mains. Regarder ce film Acheter ou louer sur CANAL VOD PremiereMax Location dès 2,99 € Orange Location dès 2,99 € VIVA Location dès 2,99 € Canal VOD Location dès 2,99 € Voir toutes les offres VODService proposé par Voir toutes les offres DVD BLU-RAY Bande-annonce 147 Dernières news Acteurs et actrices Casting complet et équipe technique Critiques Presse Ciné Live TéléCinéObs Aden L'Express L'Obs Le Figaro Le Point Première Télérama Chronic' Le Monde Studio Magazine Chaque magazine ou journal ayant son propre système de notation, toutes les notes attribuées sont remises au barême de AlloCiné, de 1 à 5 étoiles. Retrouvez plus d'infos sur notre page Revue de presse pour en savoir plus. 13 articles de presse Critiques Spectateurs Une personne qui a vu la 1ère adaptation de 1971 ou qui a lu le livre, trouvera peut être cette nouvelle version assez fade. Catherine Frot n'est pas une mauvaise actrice mais difficile de rivaliser avec l’interprétation d'une Alice Sapritch dont même les traits du visage épousaient le rôle à merveille, contrairement au regard et à l'air naturel de Frot heureusement pour elle d'ailleurs. Jacques Villeret était un bon acteur mais ... Lire plus Bon... Leçon primaire de cinéma le septième art est un média différent de la littérature. Il n’est pas nécessaire de relire le livre en voix off toutes les cinq minutes avec de simples illustrations à l’appui. Alors certes, cela nécessite un travail d’adaptation, ce n’est pas donné à tout le monde, mais c’est justement pour ça que ça s’appelle un art. Or, juste pour ça, j’estime ce film totalement inutile. Certes, ... Lire plus Je n’ai guère de souvenirs de l’adaptation télévisée de Pierre Cardinal malgré l’extraordinaire prestation d’Alice Sapritch . Mais le dernier film de Philippe Broca ne laissera pas une marque indélébile dans la cohorte des adaptions de romans au cinéma. Il met en images plus qu’il n’adapte, et chaque personnage, quand il n’est pas caricatural, devient l’ombre portée des héros de Bazin. Le réalisateur applique à ... Lire plus Philippe De Broca fut un grand cinéaste, hors du circuit et très inventif sous des dehors comiques. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas regardé l'évolution du cinéma depuis 30 ans. Il reste donc une adaptation parfaite du roman, lisse et bien sous tous rapports, mais particulièrement anonyme. Le gros problème, c'est Sitruk, cet enfant est laid, ce n'est pas sa faute, mais pour incarner Bazin, c'est un peu ... Lire plus 185 Critiques Spectateurs Photos 10 Photos Secrets de tournage D'un Bazin l'autre Vipère au poing est l'adaptation du premier roman, largement autobiographique, d'Hervé Bazin. C'est le jeune Jules Sitruk qui joue le rôle de l'écrivain, enfant. L'histoire est racontée en flash-back, avec pour fil conducteur la voix de Denis Podalydès, dans le rôle de l'écrivain, adulte. Mais lorsque la silhouette de celui-ci apparaît furtivement à l'écran, le personnage est interprété par... Claude Sitruk, le père de Jules. Dans la peau de Folcoche Catherine Frot, qui joue le rôle très fort de Mme Rézeau, dite "Folcoche", revient sur son travail de comédienne "J'avais envie d'aller vers des choses un peu démoniaques, hors normes, théâtrales même. Je me suis inspirée de photos des années 20-30. Certains visages de femmes comme Sarah Bernhardt, Colette. La préparation physique, l'allure, le maquillage, la coiffure ont été très importants. J'ai pensé aussi à l'expressivité du Lire plus Catherine Frot, après Sapritch Une première adaptation du roman d'Hervé Bazin paru en 1948 avait été tournée en 1971 par Pierre Cardinal pour la télévision. C'est Alice Sapritch qui tenait le rôle de "Folcoche" et Marcel Cuvelier celui de son époux. Jean-Louis Bory avait collaboré à l'adaptation. Auparavant, un autre ouvrage d'Hervé Bazin avait été porté à l'écran La Tête contre les murs, roman publié en 1949, a donné lieu à un film de Jean-Pierre Mocky, sorti dix Lire plus 11 Secrets de tournage Infos techniques Nationalité France Distributeur Dark Star Presse Année de production 2004 Date de sortie DVD 05/05/2015 Date de sortie Blu-ray - Date de sortie VOD 02/11/2016 Type de film Long-métrage Secrets de tournage 11 anecdotes Box Office France 1 093 116 entrées Budget 7 000 000 € Langues Français Format production 35 mm Couleur Couleur Format audio Dolby Digital DTS Format de projection 1 Cinemascope N° de Visa 108 836 Si vous aimez ce film, vous pourriez aimer ... Commentaires OBb4. 310 51 22 332 319 73 61 248 309

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